En haut de gauche à droite: Queen Elisabeth, Nelson Montfort. En bas: Capri, Marie Curie.
A la fin de l’automne passé, lorsque les travaux d’aménagement de l’allée centrale de la roseraie ont été terminés, le déménagement de quatre de mes rosiers a été effectué. Capri, Marie Curie, Queen Elisabeth et Nelson Montfort ont tous rejoint cette fameuse allée centrale, en « double file », après avoir un peu végété dans les endroits où ils avaient été installés dans un premier temps. Tous ont plus ou moins fleuris une première fois mais n’ont jamais réussi à se développer convenablement. Marie Curie et Queen Elisabeth, tous deux offerts par mon fils, ont vécu leur premier été dans un « endroit test », auprès des pieds de vigne. Ils m’ont démontré qu’ils méritaient une place plus confortable et ont été les premiers à changer de domicile, suivis par Capri et par Nelson Montfort. Ce dernier est l’un des premiers rosiers plantés dans le jardin à notre arrivée, et le seul survivant de ceux achetés chez Guillot. Il a donné quelques petites fleurs jaunes, mais n’a jamais réussi à s’épanouir vraiment. Je voulais donc lui offrir une nouvelle chance dans un environnement différent. Je n’ai pas de doute pour Queen Elisabeth qui m’a déjà prouvé qu’il est sain et solide, tout comme Capri. Je suis plus mitigée pour Nelson Montfort qui, pour le moment est resté très malingre… Quant à Marie Curie, ce rosier est resté très petit l’an dernier, sans doute effacé par la vigne trop vigoureuse pour lui, et ne m’a donné qu’une seule fleur. Je n’ai d’ailleurs pas eu le temps de le prendre en photo: celle ci-dessus vient d’Internet. Mais son parfum a été si délicat, si fin qu’il m’a envoûtée… Ne reste plus qu’à patienter pour voir si la décision de ces déménagements était une bonne idée…
Lorsque j’ai présenté le rosier Dorothy Perkins, j’ai appris qu’il avait été créé en 1901 par un certain Charles Perkins. Il n’en fallait pas plus pour me donner envie d’en savoir un peu plus sur ce monsieur et sur son entreprise américaine… Celle-ci a été fondée en 1872 à Newark par Charles H. Perkins (1840 – 1924) et par son associé qui n’était autre que son beau-père, Albert E. Jackson (1807-1895) Au départ, pas question de roses mais de vente de fraises, de framboises et de raisin, puis de vente en gros de vignes et d’arbustes à l’intention des pépinières de détail. Le temps passant Charles est tombé sous le charme des roses et de leur culture. En 1884, il engage donc Alvin Miller pour développer cette facette de l’entreprise, le chargeant de créer une rose nouvelle. C’est ainsi qu’en 1901 a été crée la rose Dorothy Perkins, qui porte le nom de la petite-fille de Charles Perkins. Il s’agissait de la toute première rose à porter le nom d’une personne. Cette fleur a plu… à tel point qu’elle a été honorée à la Royal National Rose Society et, par la suite, s’est retrouvée mentionnée par plusieurs écrivains dans leurs livres, parmi lesquels F. Scott Fitzgerald. Cette rose grimpante, devenue star mondiale, a fait son chemin. Parmi les lieux prestigieux où elle a été plantée, on notera notamment le château de Windsor dont elle orne les murs. Comme la plante originale avait tendance à être atteinte par le mildiou et autres maladies, la maison mère a arrêté sa commercialisation. Mais elle est toujours proposée à la vente dans les pépinières spécialisées. Quant à l’entreprise familiale, elle a évolué de génération en génération avant d’être vendue et de vivre une autre vie…
Depuis longtemps, L’Occitane consacre une gamme complète de produits à la rose. Parmi eux, eau de toilette, lait pour le corps, crème pour les mains, gel douche, savon, baume pour les lèvres, eau parfumée, etc. La douceur des produits les a propulsé au rang d’incontournables de ma salle de bain. J’aime leur texture légère et la délicatesse de leur parfum. Les produits ont changé d’emballages depuis que cette photo a été diffusée, mais je la conserve cependant: elle est la seule que j’ai trouvée qui présente la gamme au complet.
Lors de notre passage dans le merveilleux jardin de Monet, mon mari et moi avons pris beaucoup de photos.
De quoi alimenter ce deuxième sujet… dans lequel la végétation parle d’elle-même.
Monet s’est installé à Giverny en 1883. De ce domaine abandonné, il a fait une florale, dans laquelle il a puisé l’inspiration de nombre de ses plus grands chefs d’oeuvre. Même lorsqu’il s’éloignait de son univers pour des campagnes de peinture qui le menaient à l’étranger, Monet veillait sur sa famille et sur ses fleurs.
Ce domaine de Giverny est devenu le centre de son existence, et il ne l’a plus quitté jusqu’à sa mort en 1926. La lecture de sa correspondance reflète l’attachement profond qu’il vouait à son domaine. Alors qu’il est à Rouen, le 13 avril 1892, il adresse ces mots à son épouse Alice: « J’ai le spleen de Giverny. Tout doit être si beau par ce temps inouï. »
A son ami Clémenceau, lui aussi passionné de jardin, il écrit: « Deux mots pour vous prévenirque la glycine est bien près d’être à point, qu’elle sera splendide d’ici peu de jours, et que votre venue ici s’impose. »
Monet commandait ses espèces florales chez Truffaut et Vilmorin, et se passionne pour les revues d’horticulture. J’ai trouvé dans sa correspondance une allusion aux rosiers qu’il cultivait: « Je profite pour vous donner l’adresse du rosiériste (…) et aussi les noms des rosiers que vous avez remarqués: celui grimpant du devant de la maison Crimson Rambler et celui sur tige: Virago. »
Dans les jardins de la maison de Giverny, certaines fleurs, certains points de vue, certaines scènes donnent l’impression de se trouver au coeur d’un tableau du maître de l’impressionisme…
Les plantes sont un cadeau de Dieu qui ne nous appartiennent pas et permettent de faire des heureux
James Priest, jardinier
En 2014, j’ai eu la chance de me rendre à Giverny où, pour la deuxième fois, je rencontrais le jardiner chef de la Maison de Monet. La première fois, je m’étais entretenue avec Gilbert Vahé qui a veillé sur les lieux durant des années.
Lorsqu’il est parti à la retraite, j’ai souhaité rencontrer son successeur, James Priest. Quand Hugues Gall, directeur de la Fondation Claude Monet, l’a contacté, il n’a pas hésité: « J’adorais Monet, Rodin, Renoir, la poésie française… Je venais périodiquement à Giverny et je voyais comment évoluaient les jardins. Je pensais pouvoir y faire du bon travail. » Lorsqu’il arrive à Giverny, en 2012, ce professionnel formé à Kew Gardens, à Londres, réputée pour être l’école d’horticulture la plus cotée au monde, a déjà à son actif une carrière enviable. Il a notamment travaillé à Windsor, chez la Reine d’Angleterre, et a passé 17 ans au service du Baron Élie de Rothschild, à Royaumont, près de Chantilly. Amoureux de la France et de l’impressionnisme, cet homme au large sourire et au petit accent so british a un credo: préserver l’esprit du peintre en faisant de chaque massif un tableau semblable à ceux signés Monet. A l’époque, j’avais écrit ceci dans le magazine auquel je destinais l’article:
« Très vite, les fidèles des lieux connaisseurs de Monet ressentent un changement perceptible. James Priest plante ses fleurs comme il pose des touches de couleurs sur une toile afin que l’ensemble rappelle le plus possible les oeuvres du Maître. Cette approche subtile ne doit rien au hasard. Chez lui, James s’imprègne des documents qui révèlent ce qu’étaient les jardins quand l’artiste y vivait. Il dessine les plans de chaque parterre et s’entoure des reproductions des tableaux de Monet: « J’en ai plein mon salon, confie-t-il. C’est en les regardant que je compose les massifs, qui restent beaux du printemps à la fin de l’automne. Cela demande de l’entretien. Comme Monet n’aimait pas les fleurs fanées, des volontaires le plus souvent issus des écoles d’horticulture viennent chaque année les retirer des plates-bandes. Mais nous avons également des personnes d’autres horizons parfois lointains, comme cet ancien pilote de bombardier américain qui vient régulièrement. Nous conservons ainsi symboliquement ce lien que Monet entretenait avec l’Amérique. »
Le soir, lorsqu’il n’est pas trop fatigué et que le temps le permet, James Priest prend sa palette et ses pinceaux et installe son chevalet dans le jardin avec son ami peintre Chris Avril. Celui-ci lui apprend « le regard de Monet, le vocabulaire et la science de l’Impressionnisme ».
Touché par toutes les fleurs, il avoue cependant, au printemps, aimer particulièrement les narcisses, les tulipes et les pensées.Lorsqu’on lui demande s’il a un coin de verdure personnel, il sourit: « Hé oui! J’ai mon propre jardin. Comme j’aime beaucoup le vert, c’est plutôt un jardin zen composé de toutes les nuances de vert et de quelques petites touches de couleurs. Il ne demande pas trop d’entretien. Ici, à Giverny, c’est un jardin de folie, un jardin d’artiste… Je suis à l’aise dans les deux parties qui le composent. Elles apportent chacune quelque chose de différent, l’exubérance et la sérénité. On dit que les plantes sont un cadeau de Dieu qui ne nous appartient pas, et nous permet de faire des heureux. C’est exactement ce que je ressens à Giverny lorsque j’entends les commentaires des visiteurs… »
Claude Monet ne s’est pas toujours bien entendu avec ceux qu’il engageait pour entretenir son paradis de Giverny, dans l’Eure. Mais s’il avait rencontré James Priest, le chef jardinier anglais qui prend aujourd’hui soin de son Clos Normand, et de son jardin d’eau, il aurait sans doute été heureux. Depuis, j’ai appris qu’il a transmis le flambeau à un autre jardinier, et je sais qu’il est parrain de la manifestation « Entre ville et jardin » depuis sa création, à Bagnoles de l’Orne. Ce spécialiste des jardins anglais est passionnant à écouter: redécouvrir le jardin en sa compagnie a été un privilège.
J’ai appris récemment que les chercheurs de plusieurs laboratoires de recherche français et étrangers ont réussi à séquencer le génome du rosier Rosa chinensis Old Blush. L’information m’a interpellée car il fait partie des nouveaux arrivés plantés cet automne dans notre petite roseraie. Ce rosier antique facilement cultivable est à l’origine de beaucoup de créations modernes. Pourquoi? Parce qu’il est réputé pour être bien remontant et donc capable de fleurir plus d’une fois dans l’année. Le fait d’avoir séquencé ce génome va déterminer la succession de toutes les bases qui composent l’ADN de ce rosier, ce qui devrait favoriser la sélection de futures variétés en fonction de critères importants parmi lesquels la résistance aux maladies ou la présence ou non d’épines. Dans son article sur « Le séquençage du génome » (paru sur le site Jardins de France ), Jean-Claude Caissard explique notamment que cette séquence « fournira des indications précieuses pour une exploration du génome, pour une cartographie plus précise et pour un bond en avant gigantesque dans le domaine des plantes ornementales. Ce qui est en jeu ici, c’est de faire de la Reine des fleurs un « Modèle » incontournable de l’horticulture. »
Je suis fascinée par le métier de rosiériste… J’ai donc cherché à en savoir un peu plus sur cette profession exigeante qui ouvre les portes d’un rêve éveillé aux clients qui profitent de leurs roses. C’est ainsi que j’ai appris que les premiers pépiniéristes rosiéristes français se sont installés autour de Paris au XVIIIe siècle, et vers Lyon au XIXe. La plupart avait de qui tenir puisqu’ils provenaient souvent de familles de jardiniers connues sur plusieurs générations depuis l’époque où la culture des roses a pris son essor en Europe, au XVIIe. Parmi elles, les familles Ducher, Guillot, Laperrière ou Meilland. Et c’est Guillot qui, sur son blog, a publié un article très documenté dont je place le lien ci-dessous. Son titre: « Hybridation: comment créer votre rosier ». Les très minutieuses étapes de l’hybridation y sont détaillées et illustrées de photos permettant de mieux comprendre le processus. Passionnant!
Lorsque j’ai commencé à intégrer des roses dans le jardin, j’ai eu envie de réunir les notes que je voulais consacrer aux différentes variétés choisies. Il me fallait pour cela un cahier dont la beauté serait à la hauteur de mes fleurs… Je collectionne depuis longtemps les très beaux cahiers Paper-blanks. Des objets d’exception à mes yeux… C’est donc parmi eux que j’ai choisi mon préféré, l’un des plus fascinants, pour servir de support à ce journal de bord. Il porte le nom de « Impressions Florales Lyonnaises », et est orné de patrons originaux inspirés de la nature. Cette petite merveille reproduit une série de motifs de tissus français exceptionnels. Avec sa couverture en relief et ses ornements raffinés, il est une invitation à l’écriture…