Conte: La plus belle rose du monde

Hans Christian Andersen a écrit un conte s’appelant « La plus belle rose du monde ».
Traduit ici par David Soldi, il a été publié dans le recueil « Nouveaux contes d’Andersen » en 1882.
le voici dans son intégralité…
Ecriplume

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Il y avait une fois une puissante reine dont le jardin, en toute saison, était paré des plus belles fleurs du monde. Mais la reine aimait particulièrement les roses, et elle en possédait une magnifique collection, depuis l’églantier jusqu’à la charmante rose de Provence.
Toutes ces fleurs, variées de parfums, de formes et de couleurs, s’enlaçaient aux colonnes du palais, envahissaient les vestibules et montaient joyeusement jusqu’en haut des portiques.
Mais à l’intérieur du château régnait une profonde affliction ; la reine était malade, et les médecins en désespéraient.
— Il n’y a qu’un seul moyen de salut, dit le plus sage d’entre eux. Qu’on apporte à la reine la plus belle rose du monde, celle qui est l’expression de l’amour sublime et sans mélange : si elle peut y porter son regard avant d’expirer, elle retrouvera la vie et la santé.
Alors, de tous côtés, jeunes et vieux accoururent avec les plus belles roses qui fussent en leur possession ; mais celle qu’il fallait ne se trouva pas dans le nombre.
Et les poètes chantaient à l’envi la plus belle rose du monde, qui était pour chacun d’eux celle qu’il possédait.
— Personne n’a encore trouvé le rosier miraculeux, dit le sage médecin, personne n’a su même indiquer l’endroit où il fleurit.
 » Ce n’est aucun de ceux qui croissent sur la tombe de Roméo et de Juliette ni sur le sépulcre d’Héloïse et d’Abeilard, quoique les roses qu’ils produisent embaument d’un parfum éternel les poèmes et les traditions.
 » Ce n’est pas non plus celui qui jaillit de la poitrine du héros mourant pour son pays. Et pourtant nulle mort n’est plus belle que celle-ci, et nulle rose n’est d’un pourpre plus éclatant que celle qui se colore à ce sang généreux.
 » Ce ne sont pas davantage ces fleurs glorieuses que l’homme, dans une retraite solitaire, cultive nuit et jour, et pour lesquelles il sacrifie sa jeunesse et toutes les jouissances de la vie – les roses magiques de la science. – Non, il en est une encore et plus pure et plus belle !
— Je sais où elle fleurit, dit une mère heureuse en s’approchant avec son petit enfant de la couche de la reine : la rose la plus belle, celle qui exprime l’amour sublime et sans mélange, éclot sur les joués fraîches et vermeilles de mon enfant chéri, lorsque, fortifié par le sommeil, il rouvre ses yeux et me sourit avec tendresse et innocence.
— Certes, cette rose est bien belle, dit le sage, mais il en est une autre plus belle encore.
— Je l’ai vue, moi, dit une dame d’honneur, et je pense qu’il n’en existe pas de plus pure. Sa corolle était pâle comme celle de la rose thé. Je l’ai vue se nuançant sur les joues de la reine, lorsque, sans souci de sa dignité royale, elle portait sur ses bras, pendant de longues nuits sans sommeil, son fils malade, en l’embrassant, le baignant de ses larmes, et priant Dieu pour lui, comme une mère seule sait prier.
— La pâle rose de l’affliction maternelle est touchante et sacrée ; mais ce n’est pas encore celle que nous cherchons.
Alors vint un évêque, pieux vieillard courbé par l’âge et par les fatigues de son ministère :
— La plus belle rose, dit-il, je l’ai vue qui brillait comme une céleste apparition. C’était lorsque les jeunes filles venaient s’agenouiller à la table du Seigneur pour y recevoir le pain de la vie. Leurs joues, à toutes, semblaient, en effet, des roses pales ou vermeilles ; mais, parmi elles, il y en avait une surtout qui, en élevant son regard vers Dieu, s’anima d’une splendeur surhumaine. C’était bien là assurément la rose de l’amour sublime et sans mélange.
— Que cette rose virginale soit bénie, dit le sage ; mais jusqu’à présent personne n’a encore trouvé le dictame miraculeux.
En ce moment, un petit garçon, le fils de la reine, entrait dans la chambre ; il portait tout ouvert entre ses mains un gros livre relié en velours, avec des fermoirs d’argent. Des larmes brillaient dans les yeux bleus de l’enfant, comme la rosée sur les fleurs de la pervenche.
— Ma mère, dit-il, écoutez ce que je viens de lire.
Et il s’assit au bord du lit, et il lut dans le livre l’histoire de Celui qui voulut mourir sur la croix pour sauver les hommes, avec toute leur postérité.
À cette lecture, une légère teinte rosée passa sur les joues de la reine. Ses yeux se rouvrirent et se ranimèrent, et elle vit, des feuillets du livre sacré, s’élancer une rose d’une grâce et d’une beauté incomparables, la rose éternelle qui naquit du sang du Christ sur le sommet du Golgotha.
— Je la vois ! s’écria-t-elle avec extase : oui, c’est bien véritablement la rose de l’amour sublime et sans mélange, et je sens que quiconque aura aspiré dans son âme les émanations de cette fleur divine ne sera plus soumis aux atteintes de la mort.

My Sweet Rose

John_William_Waterhouse_-_The_Soul_of_the_Rose,_aka_My_Sweet_Rose

Peu avant que ne commence notre déménagement, en 2017, mon Capitaine m’a adressé cette photo sur Facebook, la légendant en me disant que je pourrais bientôt m’enivrer du parfum des roses.
Retrouvant le côté romantique que j’aime tellement chez les peintres anglais, j’ai cherché à savoir si quelqu’un connaissait celui qui a peint cette toile.
Emilie, la fille de l’une de mes amies très chère, m’a répondu qu’il s’agissait de John William Waterhouse.
J’ai cherché… il s’agit bien d’un peintre britannique (1849 – 1917) qui s’inspirait de la littérature et de la mythologie pour peindre ses tableaux.
Celui-ci s’appelle My Sweet Rose.
L’artiste a beaucoup peint les femmes, et celle qui apparaît sur cette toile a également servi de modèle pour plusieurs autres.
Si j’ai retrouvé la trace de Jane Morris, celle qui avait posé pour lui beaucoup de ses tableaux, il ne me semble pas que ce soit elle que l’on voit sur celui-ci…

J’aime revoir cette photo.
Depuis que nos roses fleurissent dans notre jardin, je ne compte pas le nombre de fois où j’ai répété le geste de cette dame…

Ecriplume

La première rose peinte

En 1900, les vestiges du palais de Knossos, en Crète, ont livré l’une de leurs merveilles: La fresque à l’oiseau bleu.
Cette fresque, qui embellissait les murs du palais construit vers l’an 2000 avant Jésus-Christ, serait la première représentation connue de roses peintes.
Personne ne peut dire de quel genre de roses il s’agit, sauvages ou cultivées, d’autant que la fresque a été restaurée et que les roses ont été repeintes en jaune avec six pétales.
Seule l’une d’entre elles, qui arbore un rose doré et un coeur orange, semble être originale.
Selon le botaniste Charles Chambertlain Hurst (1870 – 1947), il s’agirait de la Rosa richardii aussi appelée La rose sainte d’Abyssinie.

Encore aujourd’hui, cette fleur est appréciée notamment pour son intérêt historique puisqu’elle ornait les sanctuaires Chrétiens de l’Antiquité et, donc, probablement, les fresques crétoises de l’époque minoenne.
Et voici à quoi ressemble cette rose venu du fond des temps…

Ecriplume

Les roses de Gustave Caillebotte

Roses dans le jardin au Petit-Gennevilliers, Gustave Caillebotte

La rose a été très souvent représentée en peinture, et ce à toutes les époques.
Elles apportent toujours une touche de romantisme à une toile.
Nous devons celles de ce tableau à un peintre original aux multiples talents: Gustave Caillebotte.
Cet homme raffiné, brillant et précieux mécène, était architecte navale, grand philatéliste et féru d’horticulture et de botanique.
Il a peint ici le jardin de sa maison au Petit Gennevilliers où sa compagne, Charlotte Berthier s’occupe d’un massif de roses.
Elle avait 23 ans à l’époque où ce tableau a été peint, vers 1886.
Dans cet endroit où les jardins étaient, dit-on, très beaux, le maître des lieux aimait recevoir ses amis impressionnistes, parmi lesquels Claude Monet dont il était proche, lui-même grand passionné de jardinage.
L’univers de Caillebotte se découvre aujourd’hui en allant visiter la Propriété Caillebotte à Yerres, en Essonne.
Une merveille…

Ecriplume