Le charme pétillant de Gishlaine de Féligonde

Le temps changeant qui caractérise cet été a des conséquences sur la roseraie…
Les rosiers, abondamment arrosés par la pluie, grandissent de manière parfois démesurée.
Même si les roses n’apprécient pas toutes d’être mouillées et me le font savoir en arborant un aspect trempé, elles se multiplient avec enthousiasme dès que le soleil revient.
D’autres enfin tardent à apparaître.
Et puis, il y a Ghislaine de Féligonde
Ce merveilleux rosier ancien qui a la particularité de passer par plusieurs couleurs distinctes au fil de sa floraison, a fait une timide apparition début juillet avant de s’épanouir joyeusement depuis quelques jours.
Ses petites fleurs dorées, jaunes, oranges puis blanches dégagent un parfum très doux, légèrement musqué, et apportent une touche très originale au jardin de roses…
Notre rosier est encore très jeune puisqu’il a été planté en octobre 2019, mais a déjà tout d’un grand…
Grimpant, il va avoir pour mission de pousser le long de l’un des quatre fins piliers d’une arche croisée à quatre pieds qui fait effet de kiosque romantique.
Pour le moment, il a dépassé le mètre de haut et semble prendre sa tâche très à coeur!

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Nouveaux arrivés… bientôt!

Cette année, si mon mari trouve le temps et le courage de se lancer dans d’aussi gros travaux, la roseraie sera agrandie avec la création d’un nouveau parterre.
En attendant, je dois mettre la pédale douce sur mes envies de rosiers.
Pour ces premiers achats de l’année, je me suis donc contentée d’en commander quatre qui viendront remplacer l’un de ceux qui n’a malheureusement pas survécu à l’hiver, et qui occuperont les dernières places vacantes dans les parterres actuels.

Je les ai mis en photos ci-dessus, et j’attendrai qu’ils aient fleuri dans notre jardin pour les présenter plus sérieusement dans les semaines et les mois à venir.

En haut, de gauche à droite:
Souvenir de la Malmaison, un magnifique rosier ancien
Emeraude d’Or, de Delbard
Belle Isis, lui aussi un rosier ancien prestigieux
Porcelaine d’Orient, qui sera… mon premier japonais et le premier rosier sans parfum que je ferai entrer dans la roseraie uniquement pour sa beauté.

Avec certains de ces rosiers, je sais que je prends un risque.
Souvenir de la Malmaison, notamment, est fragile, n’appréciant ni la pluie, ni le gel.
Nous verrons s’il se sentira bien sous nos latitudes…

A la question que l’on me pose souvent: ai-je encore des rêves de rosiers, la réponse est oui, bien sûr…
Quelques noms se sont ajoutés à ma liste… qui feront l’objet d’un prochain clin d’oeil!

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Mme de Staël… tant de qualités…

Je pense que je ne regretterai jamais d’avoir acheté, il y a bientôt trois, le rosier Mme de Staël.
Dès le début, il m’a envoûtée par son parfum puissant, la beauté parfaite de ses fleurs, les nuances de rose qu’il arbore à chaque floraison.

Très remontant, il nous accompagne durant plusieurs mois, jusqu’à la fin de l’automne et fait partie de ceux qui enchantent le printemps et l’été…
Seul défaut : il est extrêmement sensible à la maladie de la tache noire, cette marsonia que je soigne à ma façon, lui permettant de poursuivre sa floraison agrémentée d’un feuillage correct.

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Ghislaine de Féligonde

Le 16 octobre 2019, le facteur m’a livré un rosier surprenant, commandé chez Promesse de fleurs.
Ghislaine de Féligonde était arrivé, en pot de 4 litres.

Il a fait une entrée timide dans le jardin restant presque inexistant jusqu’au milieu du printemps suivant.
C’est à partir de là qu’il a commencé à me montrer de quoi il était capable… et ce n’est pas rien!
Je savais de lui qu’il était grimpant et pourrait atteindre deux mètres de haut… et de large.
Mais la grande particularité de ce rosier insolite et gracieux vient de ses trois voire quatre couleurs pastels très inhabituelles.
Les jolis pompons qui lui servent de fleurs éclosent en couleur abricot – jaune or avant de devenir blanc ivoire lorsqu’il fait chaud.
Et quand le temps est plus frais, les pétales tirent sur le rose.
Sur une seule tige, vous pouvez donc avoir des fleurs de plusieurs teintes très différentes, ce qui explique l’engouement des amateurs du monde entier qui aiment l’avoir dans leurs jardins.
Légèrement parfumé, Ghislaine de Féligonde apporte une touche de fraîcheur inédite dans la roseraie…
C’est un rosiériste orléanais, Eugène Turbat, qui a créé cette variété en 1916, à partir de Goldfinch, et l’a présenté cette année-là à l’exposition annuelle de la roseraie de Bagatelle.
Le charme unique de ces petites roses si particulières n’est pas le seul atout de la plante.
Résistant à toutes les maladies, la plante, peu épineuse, est l’une des seules multiflores à être remontante.
Réputé facile à cultiver, il se plaît sans tous les sols et supporte le gel.
Il faut le palisser pour canaliser sa nonchalance naturelle… il apporte alors une deuxième vie à son support, que ce soit un vieil arbre mort, une arche ou un mur.
Mon rosier est encore jeune et donc de dimension modeste, mais je sais déjà qu’il sera l’une des stars de la roseraie.
A noter qu’elle a donné naissance au rosier liane Stéphane Marie .
Ghislaine de Féligonde a reçu le Certificat de mérite de la Roseraie de Bagatelle en 1916, et le Prix du Mérite de la Royal Horticultural Society.

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A savoir: 

  • Type de Rosier: Rosier Ancien français
  • Obtenteur: Turbat
  • Année de commercialisation: 1916
  • Cultivar: Ghislaine de Féligonde
  • Autre nom commun: Rosa (x) grimpant Ghislaine de Féligonde
  • Inflorescence: Corymbe
  • Port: Retombant
  • Famille: Rosaceae
  • Couleur: Abricot, ivoire, jaune, rose
  • Parfum:  Léger, sucré, légèrement musqué.
  • Floraison: Remontante, de juin à juillet puis de septembre à octobre
  • Fleur: 4 cm de diamètre
  • Résistance aux maladies: Très bonne
  • Hauteur: 300 cm
  • Largeur: Jusqu’à 200 cm 
  • Feuillage: Caduc

Besoins:

  • Type de sol:  Normal
  • Climat: Tous
  • Exposition: Soleil, mi-ombre

D’où vient son nom?
Ghislaine de Féligonde était l’épouse infirmière d’un officier français de la Grande Guerre, le comte de Féligonde. Elle n’a pas hésité à s’aventurer entre les lignes ennemies du front, pour sauver son époux gravement blessé qui n’avait pu se relever… Elle méritait bien une rose exceptionnelle…

Ispahan, le Pompon des Princes

Avec le temps, je suis de plus en plus attirée par les rosiers historiques.
Il était donc logique que je rêve d’introduire la Rose de Damas dans la roseraie.
La Belle de Perse…
Originaire du Proche-Orient, elle était déjà connue, dit-on, vers les années 1000 avant J.C. et a été rapportée en Europe par les Croisés.
J’ai donc cherché à acquérir un exemplaire du rosier Ispahan, aussi appelé Pompon des Princes, connu sous nos latitudes depuis 1832.
Le trouver n’a pas été simple…

Même s’il figure dans les catalogues de plusieurs pépiniéristes en ligne, il était le plus souvent indisponible.
C’est finalement chez David Austin que je l’ai trouvé et commandé.
Le rosier est arrivé d’Angleterre le 27 novembre 2011, en container, et a été immédiatement planté à l’emplacement qui lui était réservé.
Six mois après son arrivée, il nous offrait sa première rose…
Bien qu’elle ne ressemble absolument pas aux roses vers lesquelles vont mes préférences, je suis très vite tombée sous le charme de cette belle Persane et de ses fleurs bien pleines.
D’autant que le rosier s’est montré généreux avec une floraison abondante, que je sais ne pas être remontante.
Mai elle peut atteindre six semaines, la plus longue pour les rosiers de Damas.
Ses fleurs sont petites cette année mais devraient prendre de l’amplitude au fil du temps.
Pour sa première année parmi nous, Ispahan fait honneur à sa lignée.

Il n’est pour le moment pas encore bien grand, ce qui est logique vu son jeune âge, mais ne semble pas affecté par la marsonia qui est pourtant présente chez certains de mes rosiers.
Son feuillage reste bien vert, il résiste à la pluie comme au grand soleil et aux périodes de sécheresse.
Quant à ses fleurs, elles fleurissent longtemps donc, et sont lumineuses et belles.

Enfin, il y a son attrait principal…
Avouons-le, j’attendais de pouvoir enfin respirer le parfum d’une rose de Damas dans le jardin…
Il n’en existe plus que quelques variétés, et c’est un privilège de voir fleurir ici cette fleur utilisées pour la fabrication d »eau et d’essence de rose réputées.
J’ai coupé une fleur que j’ai gardée auprès de moi pour pouvoir l’étudier de plus près.
J’ai toujours sur mon bureau, un petit flacon d’absolue de Rose de Damas.
Je peux désormais vérifier que l’étiquette ne ment pas… il s’agit bien d’elle…
Ce parfum suave si particulier est très reconnaissable, fascinant.

A noter encore qu’Ispahan a été primé:

  • Dowager Rose Queen (ARS), Rogue Valley Rose Society Show, 1998
  • Award of Garden Merit  (RHS/RNRS), Royal Horticultural Society Show, 1993

Ecriplume

A savoir: 

  • Type de Rosier: Rosier Ancien 
  • Année d’Obtention : Obtenteur inconnu avant 1832
  • Sous-famille: Damascena
  • Port: Rosiers Arbustif 
  • Famille Roses de Damas
  • Couleur: Rose pur
  • Parfum:  Puissant
  • Résistance aux maladies: Bonne
  • Hauteur: 1,50m
  • Largeur: 125 cm 
  • Floraison: Unique, non remontant. Floraison mai/juillet
  • Diamètre de la fleur: 10 cm.
  • Feuillage:  Semi-persistant vert argenté
  • Port: Buissonnant, semi-érigé

Besoins:

  • Type de sol: Rustique
  • Climat: Très rustique
  • Exposition: Soleil
  • Distances de plantation: Environ 90cm entre chaque pied

Cuisse de Nymphe

“LES FEMMES […] DEMANDÈRENT AU CHEVALIER QUELLES ÉTAIENT LES COULEURS LES PLUS EN VOGUE; IL LEUR RÉPONDIT QU’ON PORTAIT MAINTENANT LE SOUPIR ÉTOUFFÉ, LA CUISSE DE NYMPHE ÉMUE, LES DÉSIRS SATISFAITS, LA PASSION DÉVORANTE, LE LENDEMAIN DE NOCES. ON RAISONNA BEAUCOUP SUR TOUTES CES COULEURS […].”
— JEAN-HENRI MAUBERT DE GOUVEST / LETTRES IROQUOISES (1783)

Il n’était pas envisageable pour moi de créer une petite roseraie sans y voir figurer quelques roses anciennes, si particulières par leur parfum, leurs formes voluptueuses et le poids de leur passé…
Cuisse de Nymphe fait partie des plus anciennes puisqu’elle aurait déjà été représentée dans des enluminures de manuscrits de cette époque, nous apprend François Joyaux dans son Encyclopédie des Roses Anciennes.
Mieux encore: si ses origines sont controversées, ce beau rosier est cependant reconnu comme étant l’un des plus anciens hybrides de la rose blanche (Rosa alba) des Grecs et des Romains.

Cuisse de Nymphe est arrivé en France à la fin du XVIe siècle, ramené depuis la Crimée
C’est donc un rosier historique, un rosier originel que j’ai accueilli et que mon mari a planté le 29-10-2019.
Une fois de plus, lorsqu’il est arrivé, il était en piteux état.
J’ai eu beaucoup d’inquiétude pour lui pendant plusieurs mois.
Il était en retard sur tous les autres, paraissait plus survivant que vivant.
Mais tout à coup, fin avril, il a rattrapé son retard en arborant un feuillage luxuriant et, dès les premiers jours de mai, plusieurs boutons.

En attendant sa floraison, je me suis penchée sur son passé.
Le nom de Cuisse de Nymphe dispose de plusieurs synonymes: Great Maiden’s blush, Rosa x alba « incarnata », Rosa alba x regalis » Thory, Rosa camea « Grande Royale », Rosier blanc royal ou Grosse Cuisse de Nymple.
En revanche, il ne faut pas le confondre avec Cuisse de Nymphe émue aussi appelé Nymphe naine émue ou Petite anglaise.
Cette variété propose un rose moins pâle sur les bords ( plus « ému »).
Ce rosier semble avoir été sélectionné dans les prestigieux jardins de Kew, en Angleterre, dans le but d’obtenir une variété plus petite.

J’ai attendu la première floraison de ces roses de Cuisse de Nymphe comme un enfant s’apprêtant à fêter Noël, ce d’autant que cette floraison est unique dans l’année.
Je savais que ses roses étaient réputées pour leur parfum et pour être un chef-d’oeuvre de délicatesse comme le soulignait Promesse de Fleurs où j’avais acheté le rosier.
Pour l’instant, deux roses se sont ouvertes, évoluant merveilleusement de jour en jour, et plusieurs boutons sont en passe de le faire également.
Le rosier est encore très jeune, les fleurs qu’il me donne sont irrésistibles.
Je suis touchée par leur grâce, leur aspect, et… par cette couleur d’une infinie délicatesse.
De plus, cettet rose a une qualité inestimable: sa couleur capte la lumière d’une manière très particulière…
Tant que durera sa floraison, je pense que je passerai beaucoup de temps à le photographier!

Ecriplume

A savoir: 

  • Type de Rosier: Rosier Ancien
  • Obtenteur: Origine horticole
  • Année de commercialisation: 
  • Espèce:  (x) alba
  • Autre nom commun: La Séduisante, La virginale, Great Maiden’s blush, Rosa x alba « incarnata », Rosa alba x regalis » Thory, Rosa camea « Grande Royale », Rosier blanc royal ou Grosse Cuisse de Nymple.
  • Port: Rosier Arbustif grimpant, irrégulier, buissonnant
  • Famille: Rosaceae
  • Couleur: Rose très pâle, rose incarnat.
  • Parfum:  Parfum excellent, musqué, poudré.
  • Floraison: Non remontante, de mi-mai à juin
  • Fleur:  fleurs doubles, grandes, en coupe
  • Résistance aux maladies: Moyenne
  • Hauteur: 150 cm
  • Largeur: 120 cm 
  • Feuillage: Caduc
  • Particularité: Plante mellifère, croissance rapide, peu d’aiguillons.

Besoins:

  • Type de sol:  Normal
  • Climat: Tous
  • Exposition: Soleil, mi-ombre

D’où vient son nom?

Je me suis souvent demandé d’où venait ce nom insolite de Cuisse de Nymphe jusqu’à ce que j’apprenne qu’il s’agit… du nom donné à une couleur.
Tout comme Cuisse de Nymphe émue, d’ailleurs.
Les pétales de Cuisse de Nymphe sont d’un rose délicat, mis en valeur par le vert du feuillage.
Tandis que les Français le baptisaient dans un premier temps Rosier blanc royal, les Anglo-Saxons se risquaient de leur côté à un polisson Great maiden’s blush (« Grand rougissement virginal »).
Le temps passant, le rosier donna son nom à une couleur incarnat rose pâle doté de nombreuses nuances.
Couleur à la mode à la fin du XIXe siècle à Paris, si prisée qu’elle était très utilisée pour les robes des élégantes.
Faisant référence au sexe féminin, cette couleur a été au coeur d’une multitude de jeux de mots et de langage… qui ont fait sa gloire puisque, contrairement à d’autres, cette couleur n’est pas tombée dans l’oubli.