James Priest, le plus français des jardiniers anglais

James Priest

Les plantes sont un cadeau de Dieu qui ne nous appartiennent pas et permettent de faire des heureux

James Priest, jardinier

En 2014, j’ai eu la chance de me rendre à Giverny où, pour la deuxième fois, je rencontrais le jardiner chef de la Maison de Monet.
La première fois, je m’étais entretenue avec Gilbert Vahé qui a veillé sur les lieux durant des années.

Lorsqu’il est parti à la retraite, j’ai souhaité rencontrer son successeur, James Priest.
Quand Hugues Gall, directeur de la Fondation Claude Monet, l’a contacté,  il n’a pas hésité: « J’adorais Monet, Rodin, Renoir, la poésie française… Je venais périodiquement à Giverny et je voyais comment évoluaient les jardins. Je pensais pouvoir y faire du bon travail. »
Lorsqu’il arrive à Giverny, en 2012, ce professionnel formé à Kew Gardens, à Londres, réputée pour être l’école d’horticulture la plus cotée au monde, a déjà à son actif une carrière enviable. Il a notamment travaillé à Windsor, chez la Reine d’Angleterre, et a passé 17 ans au service du Baron Élie de Rothschild, à Royaumont, près de Chantilly.
Amoureux de la France et de l’impressionnisme, cet homme au large sourire et au petit accent so british a un credo: préserver l’esprit du peintre en faisant de chaque massif un tableau semblable à ceux signés Monet.
A l’époque, j’avais écrit ceci dans le magazine auquel je destinais l’article:

« Très vite, les fidèles des lieux connaisseurs de Monet ressentent un changement perceptible. James Priest plante ses fleurs comme il pose des touches de couleurs sur une toile afin que l’ensemble rappelle le plus possible les oeuvres du Maître. 
Cette approche subtile ne doit rien au hasard. Chez lui, James  s’imprègne des documents qui révèlent ce qu’étaient les jardins quand l’artiste y vivait. Il dessine les plans de chaque parterre et s’entoure des reproductions des tableaux de Monet: « J’en ai plein mon salon, confie-t-il. C’est en les regardant que je compose les massifs, qui restent beaux du printemps à la fin de l’automne. Cela demande de l’entretien. Comme Monet n’aimait pas les fleurs fanées, des volontaires le plus souvent issus des écoles d’horticulture viennent chaque année les retirer des plates-bandes. Mais nous avons également des personnes d’autres horizons parfois lointains, comme cet ancien pilote de bombardier américain qui vient régulièrement. Nous conservons ainsi symboliquement ce lien que Monet entretenait avec l’Amérique. »

Le soir, lorsqu’il n’est pas trop fatigué et que le temps le permet, James Priest prend sa palette et ses pinceaux et installe son chevalet dans le jardin avec son ami peintre Chris Avril. Celui-ci lui apprend « le regard de Monet, le vocabulaire et la science de l’Impressionnisme ». 

Touché par toutes les fleurs, il avoue cependant, au printemps, aimer particulièrement les narcisses, les tulipes et les pensées. Lorsqu’on lui demande s’il a un coin de verdure personnel, il sourit: « Hé oui! J’ai mon propre jardin. Comme j’aime beaucoup le vert, c’est plutôt un jardin zen composé de toutes les nuances de vert et de quelques petites touches de couleurs. Il ne demande pas trop d’entretien. Ici, à Giverny, c’est un jardin de folie, un jardin d’artiste… Je suis à l’aise dans les deux parties qui le composent. Elles apportent chacune quelque chose de différent, l’exubérance et la sérénité. On dit que les plantes sont un cadeau de Dieu qui ne nous appartient pas, et nous permet de faire des heureux. C’est exactement ce que je ressens à Giverny lorsque j’entends les commentaires des visiteurs… »

Claude Monet ne s’est pas toujours bien entendu avec ceux  qu’il engageait pour entretenir son paradis de Giverny, dans l’Eure. Mais s’il avait rencontré James Priest, le chef jardinier anglais qui  prend aujourd’hui soin de son Clos Normand, et de son jardin d’eau, il aurait sans doute été heureux. 
Depuis, j’ai appris qu’il a transmis le flambeau à un autre jardinier, et je sais qu’il est parrain de la manifestation « Entre ville et jardin » depuis sa création, à Bagnoles de l’Orne.
Ce spécialiste des jardins anglais est passionnant à écouter: redécouvrir le jardin en sa compagnie a été un privilège.

Ecriplume

Tige ou pleureur…

Dernier volet de ma trilogie sur mes rêves de rosiers pleureurs.
Car au fil de mes réflexions, il faut bien avouer que c’est vers ceux-ci que vont ma préférence par rapport aux rosiers tiges.
J’en étais à me dire que, dans un futur que j’espère proche (c’est-à-dire dès qu’ils seront à nouveau proposés à la vente), je commanderais un exemplaire de Dorothy Perkins et un autre de Papi Delbard… lorsque je l’ai vu.
Un rosier tige Claude Monet
Comment vous dire… d’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours voué un amour inconditionnel aux toiles de ce peintre de génie.

Dans le cadre de mon métier, j’ai eu l’occasion de beaucoup écrire sur son art, sur sa vie, prolongeant le bonheur jusqu’à me rendre par deux fois dans sa maison de Giverny où j’ai passé beaucoup de temps avec les chefs jardiniers qui prenaient soin de son jardin reconstitué.
Monet fait partie de ma vie, des reproductions de ses tableaux sont accrochées dans la maison, dans mon bureau…
Je collectionne tout ce qui se rapporte à lui, ma bibliothèque regorge de livres que j’ai bien sûr lus et qui lui sont consacrés.
Alors, vous comprenez… il m’est impossible de ne pas avoir dans la roseraie le rosier qui lui a été dédié…
Mais là encore, il y a un détail qui me chiffonne… et un détail de taille!
Je n’aime pas du tout les roses panachées… et mon Capitaine de mari partage mon sentiment.
Or, les pétales de celle-ci sont bel et bien roses striés de blanc…
En dehors de cela, il est, dit-on, robuste et exhale un parfum d’agrume.
J’ai lu ce que j’ai pu trouver à son propos, et j’ai aimé savoir que ces stries, justement, donne l’illusion d’un mouvement à ces fleurs.
Monet était un maître de la lumière et du mouvement… je comprends donc la démarche du créateur de ce rosier.
Mais je ne pense pas être prête à introduire une rose panachée dans la roseraie… même si elle porte son nom.
D’autres que moi doivent adorer ce style de roses.
Pour ma part, je ne peux pas acheter un rosier qui ne me séduit pas uniquement parce qu’il est dédié à un peintre que j’admire.
Dommage…

Ecriplume